De par son essor remarquable en France en Europe, le multiculturalisme a pour corrélat le déclin social et l'abandon de l'universalisme. En sapant le logiciel idéologique de la gauche et de l'extrême gauche, le postmordernisme, la nouvelle philosophie et l'antitotalitarisme en viennent à élaborer une pensée du fragment empruntant à la fois aux études culturelles, de genre et postcoloniales.
Du renouveau d'une certaine pensée juive à l'indigénisation du mouvement zapatiste, en passant par la défense des savoirs endogènes africains ou l'affirmation d'une temporalité indienne spécifique, l'auteur analyse les divers « décrochages » par rapport à l'Occident et les dangers qu'ils recèlent. Il revient aussi sur la figure tutélaire de Gramsci pour montrer combien d'hommage rituel dont celui-ci fait l'objet dans les études postcoloniales repose sur une lecture infidèle. Ce vaste parcours solidement documenté et argumenté, nous ramène finalement dans la France d'aujourd'hui où le postcolonialisme arrive tardivement, au moment où la crise des deux modèles d'analyse de la société, celui de la lutte des classes et celui de la république, favorise l'ethnicisation des rapports sociaux. (extrait de la quatrième de couverture)
Le livre, qui procède d'un travail de terrain éclaté, nous promène à travers les capitales de trois pays africains : Bomato, Le Caire et Conakry. Il rompt avec l'approche classique de l'anthropologie qui privilégie le local par rapport au global et répond au souci de cerner au plus près les contours d'une véritable multinationale culturelle : le N'Ko qu'illustre les " branchements " possibles d'une culture sur une autre. De la globalisation à l'afrocentrisme, de l'écriture à la philosophie africaine et au génocide, la thématique du branchement permet de décliner les différentes figures qui font de l'Afrique un concept à géométrie variable.
Analyse du multiculturalisme français comme un processus où il convient de replacer le durcissement des identités et l'essor des fondamentalismes ethniques et religieux. L'histoire métropolitaine et l'histoire des colonies sont imbriquées à tel point que le traitement des communautés à l'intérieur du territoire national emprunte beaucoup à des précédents coloniaux.
Cet ouvrage collectif a pour objectif de questionner l'usage que les anthropologues ont fait de la notion d'ethnie. S'ils n'ont pas toujours précisé ce qu'ils entendaient par ce terme, il est urgent aujourd'hui de l'historiciser et de le mettre en perspective avec d'autres formes d'organisations sociales comme l'Etat et la nation. Elles sont toutes le produit de dynamiques de construction historique. Ce livre s'articule en six parties. La première (Amselle) questionne la notion d'ethnie en relation avec l'espace de résidence des groupes concernés. La deuxième (Dozon) analyse la création coloniale des Bété de Côte-d'Ivoire. La troisième (Bazin) retrace l'histoire du nom Bambara en relation avec la colonisation de l'Afrique occidentale. La quatrième (Chrétien) montre concerne le tribalisme et notamment les conflits des années 70 aux Rwanda et au Burundi : les hutus et les tutsi ne sont pas des ethnies en tant que telles, caractérisées géographiquement, linguistiquement et historiquement, ces consciences ethniques ont surtout exprimé à tour de rôle la mise en cause radicale de l'autre. La cinquième (Vidal) souligne comment l'imaginaire anthropologique risque de détemporaliser une formation sociale à partir de son enquête au Rwanda et en interrogeant l'imaginaire colonial construit sur ce Pays. La sixième (M'Bokolo) aborde le séparatisme " katangais " dans la vie politique zaïroise et de l'ancien Congo belge.
Dans cet article, l'anthropologue a essayé de comparer la notion d'étranger dans la société mandingue d'Afrique de l'Ouest et en Grèce ancienne afin d'analyser si les analogies que l'on peut observer entre les deux conceptions ne sont pas le résultat des contacts que les deux cultures ont noué indirectement à travers l'islam. Pour ce qui est du Soudan occidental précolonial, les rapports hôtes/étrangers sont à replacer dans le cadre des rapports entre hommes libres et esclaves, entre gens du pouvoir et gens de la terre, ainsi qu'entre nobles et gens de caste. Les gens de caste sont des étrangers mais ils ont également le pouvoir de contraindre les maîtres à donner. Cette notion d'étranger est ambiguë et peut selon les circonstances être positive ou négative. Le système des logeurs et des courtiers continue de régir le commerce ouest-africain, tout particulièrement dans le domaine des biens primaires (céréales, noix de colas, poisson séché) et des produits manufacturés. Ce système rappelle la proxénie, institution qui avait cours en Grèce ancienne et qui a précédé les symbola, à savoir les conventions juridiques entre les cités grecques (Ve s.). Le proxène est le témoin et le garant des xenoi (étrangers de passage) qui sont principalement des commerçants.
Cet article relatif au multiculturalisme français s'inspire d'un ouvrage publié par le même auteur, se situant dans une perspective proche du livre posthume de Michel Foucault "Il faut défendre la société". A la base de la République française, il existerait une contradiction entre le droit naturel ou les droits de l'homme d'une part et la gestion de la différence culturelle d'autre part. Les droits de l'homme tels qu'ils sont propagés par la Révolution française semblent incompatibles avec le multiculturalisme appliqué naguère dans les colonies françaises. Ce multiculturalisme trouve d'ailleurs un prolongement dans la création et dans la manipulation des communautés présentes sur le territoire national aujourd'hui. Cette question est imbriquée avec celle de l'existence d'une anthropologie française. En tant que terre d'élection de l'assimilation républicaine et patrie des droits de l'homme, la France ne devrait pas posséder de tradition anthropologique, à savoir une science vouée à la reconnaissance de la différence culturelle et ethnique. Selon Amselle il existe un principe sous-jacent au fonctionnement de la République : ce principe n'est pas étranger à la façon dont la sociologie française, notamment celle de E. Durkheim, a défini son programme politico-scientifique. La question que ce dernier se pose est relative à la nécessité de substituer à la solidarité mécanique de l'Ancien régime, une instance capable d'assurer la cohésion sociale, telle la solidarité organique. Or, la mise en oeuvre du concept de solidarité organique traduit l'incapacité du principe d'assimilation républicaine de fonctionner de façon purement atomistique. Le modèle républicain n'est donc viable que s'il repose sur l'existence préalable d'une pluralité de groupes qui sont censés former une synthèse harmonieuse dans le cadre de la deuxième forme de solidarité. L'auteur met en exergue dans quelle mesure ce présupposé holiste (en contradiction avec l'individualisme méthodologique implicite dans la notion française d'assimilation) est particulièrement visible dans les entreprises de colonisation française postérieures aux Lumières. De nos jours, face au retour du polygénisme sous la forme de la globalisation, du métissage ou de la "créolisation", il est urgent de revenir sur ce débat séculaire qui agite l'histoire et les sciences naturelles.
Se situant dans le courant de l'anthropologie qui privilégie les relations des sociétés entre elles, l'auteur nous livre une réflexion sur l'identité, fruit de ses travaux sur les ethnies du Sud Mali et Nord Guinée. Ayant été conduit à constater que les différences identitaires, nées de la perméabilité des sociétés, ont connu, sous l'action de la colonisation, un durcissement à l'origine des conflits ethniques, il considère que ce schéma peut s'appliquer aux revendications autonomistes exprimées en Europe de l'Est. Ici et là, l'identité a besoin de construire l'Autre en tant que tel pour s'affirmer.
L'article montre comment la déconstruction des ethnies maliennes peut apporter des outils pertinents à l'étude de l'ethnie "française". L'auteur met l'accent sur le phénomène de production différentielle de l'Autre, en fonction des périodes et des situations sociales considérées. Son hypothèse est que la transnationalisation de la politique et de l'économie provoque une crispation identitaire ainsi qu'une modification des référents négatifs. S' il faut toujours un autre pour se définir soi-même, la nature de cet autre varie et, dans la conjoncture actuelle, c'est la disparition des ennemis traditionnels qui, d'après l'auteur, entraînent l'apparition d'un nationalisme interne.
Les grilles conceptuelles utilisées en anthropologie ne permettent pas toujours une réelle connaissance du terrain. Issu d'un travail sur les ethnies peul, bambara et malinké, cet ouvrage propose un renversement de perspective en objectant à la démarche classificatoire l'intérêt d'une approche continuiste de la culture fondée sur l'indistinction. L'analyse en termes de «logiques métisses» permet alors d'échapper à la question de l'origine et au dilemme qui oppose l'universalisme des droits de l'homme au relativisme culturel.
L'auteur retrace ici l'historique de l'expression Peul du Wasdon montrant la naissance simultanée d'une communauté ethnique et la fabrication de l'identité d'un groupe.
L'auteur expose les résultats d'une enquête effectuée sur le territoire de l'ancienne chefferie du Jitumu au Mali. Il remarque que si les migrations proprement dites ne sont apparues qu'avec la colonisation, l'effet du capitalisme sur celles-ci est pour une part indirect et non planifié. Ces mouvements de population peuvent être globalement définis comme des migrations monétaires, indispensables à la reproduction de la société Jitumu.